James
Douglas Morrison est né le 8 décembre 1943 à Melbourne en Floride; il est le
fils aîné d’un officier de marine, George Steve Morrison, et de sa femme
Clara Morrison, née Clarke.
A
l’été 1946, presque un an après la fin de la Guerre, le père rentre du
Pacifique. Il est d’abord muté à Washington puis à Albuquerque. En 1947 naît
sa sœur Anna; un an plus tard, son frère Andy. Le père de Jim Morrison entame
alors une brillante carrière dans la marine américaine, qu’il terminera
comme amiral. Cette carrière contraindra la famille à déménager pratiquement
tous les deux ans. En septembre 1957, la famille s’installe à Alameda au
Nouveau Mexique. En hiver, l’adolescent de 14 ans qu est Jim Morrison découvre
le dernier roman de Jack Kerouac, On The
Road, qui deviendra sa bible.
En décembre 1958, nouveau déménagement, à Alexandra en Virginie cette fois, où Jim Morrison fréquente l’école George Washington. Entre-temps, la biographie d’Alexandre le Grand par Plutarque est devenue la lecture favorite du jeune homme, sans doute inspiré par le nom du lieu où il vit alors. Sa passion pour la littérature le pousse à écrire. Après les poètes de la génération des beatniks, il découvre avec un intérêt particulier les grands auteurs tels que Balzac, Rimbaud, Molière, Joyce, Camus et Baudelaire. Mais il lit également des ouvrages plus singuliers, notamment sur la démonologie des xvie et xvie siècles en Angleterre, ou bien l’étude de Burton sur la sexualité des Arabes. Jim Morrison, qui chasse parfois des guêpes imaginaires pendant les cours et qui refuse de participer aux fêtes de fin d’année, passe pour un enfant difficile.
En 1960, Jim Morrison est envoyé chez ses grand-parent en Floride, où il fréquente le Minor College St Petersbourg à Clearwater
En
septembre 1961, il s’inscrit à la Florida State University, à Tallahassee, où
il suit des cours de théàtre comme matière principale. Au bout de 18 mois,
vers le milieu de l’année 1963, il passe en section « cinématographie» à
la University of California de Los Angeles. A l’époque y enseignent les réalisateurs
Stanley Kramer, Jean Renoir et Josef von Sternberg, lequel exerce sur Jim
Morrison une profonde influence, aussi bien personnelle qu’artistique. La
dernière grande oeuvre cinématographique de Sternberg, Anatahan,
réalisée au Japon en 1959, restera
longtemps son film préféré. Au printemps 1965,
Jim Morrison obtient son diplôme de fin d’études. Une fois encore, il
refuse de prendre part à la fête de fin d’année et se fait envoyer le
document par la poste.
1965
A
la fin de sa formation dans la classe cinématographique de I’UCLA, Jim
Morrison part à l’été 1965 pour Venice, petite ville balnéaire près de
Los Angeles. Il y vit en vagabond sur le toit d’une maison de rapport, et goûte
au LSD et à la marijuana, ce qui lui fit perdre presque tout appétit et autant
de kilos. C’est à cette époque qu’il a pour ainsi dire une véritable
vision de son avenir de chanteur rock. Plus tard, il décrira ce phénomène étonnant
de la façon suivante: «Je pense que j’avais un désir refoulé de faire
quelque chose de ce style, depuis que... regarde, la naissance du rock date de
la même période que ma jeunesse, de l’époque où je me suis mis à vivre
consciemment. Ça a été un véritable coup d’envoi, bien qu’à l’époque
je ne puisse même pas envisager sérieusement de faire ça moi-même. Je pense
que j’étais tout le temps en train d’échafauder ce projet et d’en être
à l’écoute. Et lorsque ça s’est enfin réalisé, mon inconscient avait déjà
préparé toute l’affaire. Je n’y ai pas réfléchi. C’est arrivé, tout
simplement. Je n’ai jamais chanté; je n’y avais même jamais songé. Je
pensais devenir écrivain ou sociologue, écrire des pièces peut-être. Je ne
suis jamais allé au concert, une ou deux fois tout au plus. J’ai vu certaines
choses à la télévision, mais sans plus. Pourtant, j’entendais dans ma tête
toute une soirée de concert avec un orchestre qui chantait et un public
nombreux. Les cinq ou six premières chansons que j’ai écrites étaient comme
des notes sur un concert rock fantastique, qui se déroulait dans ma tête. Et
lorsque j’ai écrit les chansons, j’ai dû les chanter.
(...)
Je n’étais dans aucun groupe. J’avais fini le collège et je descendais
tranquillement à la plage. Je n’ai rien fait de particulier. C’était la
première fois que j’étais libre. J’étais allé à l’école pendant
quinze ans, sans interruption. L’été était superbe et chaud, et je me suis
tout simplement mis à écouter des chansons. Je crois que j’ai encore le
carnet de notes avec les chansons. Ce type de concert mystique que j’écoutais...
j’aimerais bien essayer de le reproduire un jour... J’aimerais bien
reproduire ce que j’ai entendu ce jour-là sur la plage.» Plus tard,
lorsqu’il rencontra sur la plage son ancien camarade de la classe de cinéma,
Ray Manzarek, qui avait déjà dirigé une petite formation, ils décidèrent
spontanément de créer un groupe rock qui se nommerait « The Doors ».
D’autres membres allaient les rejoindre: Robby Krieger, guitariste et John
Densmore, batteur, deux musiciens que Ray Manzarek connaissait d’un cours de méditation
transcendantale. Jim Morrison écrit à son père pour lui faire part de cette décision.
Ce dernier ne cache pas ce qu’il pense: Il trouve cela totalement stupide pour
un jeune homme qui, jusqu’à présent, n’avait fait preuve dans sa vie ni de
talent ni d’intérêt pour la musique et puis, il n’avait pas financé
quatre années d’études universitaires pour en arriver là! C’est pour Jim
Morrison l’occasion de rompre pour toujours avec la maison parentale.
Le
17 décembre 1965 a lieu la première apparition publique des Doors, qui
accompagnent en guise de «bande sonore live» une représentation de courts métrages
de Ray Manzarek au «Royce Hall» de 1’UCLA.
1966
Du
15 janvier au 24 avril, les Doors sont engagés comme petite formation au «London
Fog », petit club de Sunset Strip à Los Angeles. Ils jouent six soirs par
semaine de 21 heures à 2 heures du matin avec 15 minutes d’entracte toutes
les heures. Du 23 mai au 27 juillet, on leur propose un engagement au «Whisky-a-Go-Go
», club rock le plus célèbre de Los Angeles.
L’un
de leurs concerts est remarqué par Jac Holzman, patron de la maison de disques
Elektra, qui leur propose un contrat. En septembre, ils commencent
l’enregistrement de leur premier album au studio Elektra sous la direction de
Paul Rothchild.
En
décembre, les Doors se produisent pour la première fois ailleurs qu’à Los
Angeles, sur la scène du «Ondine », club très en vogue de New York.
1967
Le
premier album des Doors sort en janvier sous le titre laconique Les Doors. En mars, il figure au hit-parade américain du
microsillon et grimpe en deuxième position. Le 45 tours Light My Fire est à partir de mi-juin, et pour plusieurs semaines,
au n° 1 du hit-parade du 45 tours. La critique réagit à ces
nouveaux sons avec surprise et ravissement. Gene Youngblood écrit: «La musique
des Doors est plutôt surréaliste que psychédélique, plutôt fureur que
‘voyage”. Non seulement du rock, mais c’est aussi un rite, celui d’un
exorcisme psychosexuel. Les Doors sont les maîtres sorciers de la culture pop.
Les grognements et les cris atroces qui sortent de la bouche angélique de
Morrison sont en réalité tout aussi énigmatiques qu’un cri de papillon. Les
Doors déclarent: Il y a des cris que nous n’entendons pas. Et ils essaient de
leur donner forme. Morrison est un ange, l’ange de la destruction. Lui et les
Doors sont un miracle, beau et satanique, phénix aux cris perçants sorti du
buisson ardent de la musique nouvelle.» Au cours de cette même année, les
Doors font une vaste tournée de concerts, donnant maintes représentations dans
de nombreuses villes des USA et du Canada. Dès le mois d’octobre, le deuxième
microsillon des Doors sort sous le titre Strange
Days Il suscite dans tout le pays une vague d’hommage, dont le New York
Times et les principales revues comme Newsweek, Times et Life se font l’écho.
Le 9 décembre, l’intervention de la police interrompt un concert des Doors à
New Haven, Connecticut, et Jim Morrison est incarcéré une journée, puis remis
en liberté.
1968
Au
début de l’année 1968, les problèmes d’alcool de Jim Morrison prennent
des proportions alarmantes. En mars, les Doors se produisent quatre soirs
d’affilée au «Fillmore East» qui vient d’ouvrir à New York. En juillet,
paraît leur troisième album Waiting For
The Sun. Le 45 tours Hello, I Love You,
inspiré d’une chanson que Jim Morrison avait écrite à Venice au cours
de l’été 1965, est le prochain grand succès international. Le 5 juillet,
concert des Doors sur la scène de «Hollywood Bowl », suivi d’une tournée
à Dallas, Houston et Honolulu, qui se termine par un concert commun avec le
groupe anglais « The Who », le 2 août, au «Singer Bowl », à Flushing
Meadows, dans le quartier Queens de New York — et par des bagarres.
En
septembre, ils enchaînent sur une tournée européenne triomphale de trois
semaines, avec des concerts à Londres, Amsterdam, Francfort, Copenhague et
Stockholm.
Au
cours de l’année 1968, le concept artistique initial des Doors — fusion
intelligente, sensuelle et expérimentale entre théâtre, lyrisme et musique
—fait de plus en plus l’objet des attentes triviales d’un public de masse
avide de sensations. Le spectacle prend des allures grotesques. Les apparitions
de Morrison sur scène laissent dès lors transparaître des frustrations
qu’il exprime sous forme d’invectives de plus en plus violentes. Mais il
cherche aussi une solution à ce dilemme; il se lie alors d’amitié avec le poète
beatnik Michael McClure et publie dans sa propre maison d’édition deux
recueils de poèmes, The Lords and The New Creatures.
Par
ailleurs, un projet cinématographique commence à prendre forme sur le travail
du groupe, pour lequel furent engagés Paul Ferrara, Frank Lisciandro et Barbe
Hill.
1969
Le
24 janvier, grand concert à «Madison Square Garden »,le plus grand et
prestigieux amphithéâtre de la ville avec 20 000 places.
En
février, lorsque le «Living Theater» se produit à la University of Southern
California, Jim Morrison se laisse emporter par l’instinct anarchiste de la
troupe. Assis au premier rang avec des amis, il assiste à leurs cinq
spectacles. Le 1er mars à Miami, le concert se transforme en tumulte lorsque
Morrison, en état d’ébriété et entraînant le public à la manière du «Living
Theater », commence à ôter son pantalon. On ne sait toujours pas si cela
s’est vraiment produit ou pas. L’incident a dû cependant avoir des conséquences
extrêmement fâcheuses, car cinq jours après le concert, Jim Morrison était
placé sous mandat d’arrêt. Les autorités décidèrent en tout cas de mettre
juridiquement fin à l’activité des Doors. Jim Morrison, qui séjournait à
l’étranger au moment où fut lancé le mandat d’arrêt, se présenta de
lui-même au FBI le 4 avril en présence de son avocat. Et on le laissa en
liberté moyennant une caution de 5 000 dollars.
L’incident
fit basculer l’ambiance. Les annulations de concerts se mirent à pleuvoir et
les stations de radio à boycotter les disques des Doors.
A
partir de l’été, le groupe reprend ses activités. La situation se normalise
en juillet, à la sortie du quatrième microsillon The
Soft Parade. Jim Morrison devient désormais plus prudent, il modifie ses
allures et le style de ses apparitions. «L’ange des ténèbres aux joues
creuses» se transforme en jeune homme quelque peu corpulent, semblable à un «gentil
étudiant buveur de bière ». Le conformisme et l’alcool agissent à leur façon.
En novembre, Morrison doit comparaître devant le tribunal de Miami, la procédure
est reportée àl’année suivante.
1970
En
février paraît l’album Morrison Hotel,
le cinquième microsillon. En août commence à Miami le procès qui dure
plusieurs semaines. Le 29 août, «les Doors» se produisent dans le cadre du
festival de l’île de Wight en Grande-Bretagne. Le jugement est prononcé le
30 octobre: Jim Morrison est condamné à une peine maximum de 60 jours de
prison pour blasphème contre Dieu et à quatre mois supplémentaires pour dénudation,
ainsi qu’à 500 dollars d’amende. Il demande aussitôt à son avocat de
faire appel.
Le
11 décembre, les Doors donnent à Dallas un concert triomphal. Le concert, qui
a lieu le lendemain à La Nouvelle-Orléans, est la dernière apparition
officielle du groupe au complet.
1971
Au
printemps suit la préparation du sixième album du groupe, LA. Woman, qui sort en avril. Le titre L.A. Woman et la chanson Riders
On The Storm deviennent les plus grands succès des Doors. En mars, Jim
Morrison se retire du groupe et
entame
un séjour à Paris, qu’il qualifie de «sabbatique ». Le matin du 3 juillet,
Pamela Courson, son amie, le trouve dans la baignoire de leur appartement. Un médecin
appelé d’urgence diagnostique un arrêt cardiaque. Morrison a 27 ans. Il est
enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.
la
tombe de Morrison au cimetière du Père-Lachaise à Paris¨
Cependant le buste ne s'y trouve
plus de nos jours.